Northern Lights entre en service

Regard critique sur un prétendu progrès dans la protection du climat

L'inauguration de l'installation de transport et de stockage de CO₂ "Northern Lights" à Øygarden près de Bergen a été saluée par beaucoup comme une étape importante dans la lutte contre le changement climatique. Mais il y a aussi des voix critiques qui considèrent le projet comme une possible opération de whitewashing des grands groupes pétroliers Shell et TotalEnergies. Ils argumentent que l'installation n'aura pas d'influence décisive sur les émissions mondiales de CO₂ et ne ralentira donc le changement climatique que de manière marginale.

Greenwashing au lieu d'un véritable changement ?

Les entreprises impliquées présentent Northern Lights comme un projet innovant visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les critiques soupçonnent toutefois qu'il s'agit d'une stratégie d'écoblanchiment, par laquelle les entreprises mettent en avant des initiatives environnementales pour détourner l'attention de leurs pratiques néfastes pour l'environnement. En investissant dans le stockage du CO₂, Shell et TotalEnergies pourraient tenter de redorer leur blason sans pour autant modifier fondamentalement leurs activités principales dans le domaine des combustibles fossiles.

Faible impact sur les émissions mondiales

Avec une capacité de stockage de 3,5 millions de tonnes par an, l'installation ne semble pas petite, mais sa contribution est marginale par rapport aux émissions mondiales de CO₂ qui dépassent 35 milliards de tonnes par an.

Cela est encore plus évident si l'on considère uniquement l'augmentation des émissions annuelles de CO2 entre 2022 et 2023 : en 2023, 404 millions de tonnes de CO2 de plus qu'en 2022 ont été émises. En comparaison, le stockage prochain de 3,5 millions de tonnes apparaît comme une goutte d'eau dans l'océan.

Cela soulève la question de savoir si de tels projets peuvent réellement avoir un impact significatif sur la réduction des émissions mondiales ou s'ils ne servent que de politique symbolique.

Détourner l'attention des solutions durables

Une autre critique est que l'accent mis sur le captage et le stockage du CO₂ pourrait détourner l'attention de solutions plus durables. Au lieu d'investir dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, les ressources pourraient être allouées à des technologies de CSC coûteuses qui ne résolvent pas le problème fondamental. Cela pourrait retarder la transition vers une économie à faible émission de carbone et prolonger la dépendance aux combustibles fossiles.

Les intérêts de l'industrie au premier plan

Les clients industriels de l'usine ont tout intérêt à externaliser leurs émissions plutôt que de décarboniser leurs processus de production. Cela pourrait réduire la pression pour développer des technologies et des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Alors que les entreprises peuvent agrémenter leurs rapports de durabilité de leur participation à Northern Lights, les avantages réels pour le climat restent discutables.

Conclusion

L'installation Northern Lights soulève d'importantes questions sur l'efficacité et la motivation derrière les grands projets de CSC. En l'absence de changements profonds dans la politique énergétique et d'un accent accru sur les énergies renouvelables, de telles initiatives pourraient être plus des relations publiques que des solutions aux problèmes. Il est crucial d'examiner d'un œil critique si des projets tels que Northern Lights représentent de réels progrès ou s'ils ne servent qu'à maintenir le statu quo.